Twombly, un peintre d’histoire au style inimitable

*Avant toute chose, je tiens à préciser que la plupart des photos que j’ai utilisées ont été réalisées sans flash in situ, et ne sauraient rendre l’éclat et la monumentalité des oeuvres exposées.

Actuellement au Centre Pompidou jusqu’au 24 avril 2017, la rétrospective de l’oeuvre de l’artiste américain Cy Twombly (1928-2011) réunit 60 années de travaux. Héritier de l’expressionnisme abstrait américain, il s’en démarque, pour autant, par la production de cycles et de séries dévoués à la période antique.

Entre figuration et abstraction

Réaction de mon fils de 9 ans (qui m’a accompagnée à cette expo) à la première confrontation avec une oeuvre de Twombly : « mais c’est du gribouillage!? »

Dutch interior, 1962

Mais quel gribouillage!!! Quel panache! Tantôt fougue dans le trait, tantôt relâchement dans l’écriture. Quelle gestualité dans cette spirale au crayon, cette trace de main à la peinture! On distingue des formes, des mots, des symboles, des signes plus ou moins nets. Il y a tout un monde à déchiffrer à la lumière des références littéraires et historiques instillées par l’artiste. A la fois graffitis spontanés et évocations lettrées…

Et quand bien même! L’ensemble demeure beau et harmonieux.

« Son graphisme est poésie, reportage, geste furtif, défoulement sexuel, écriture automatique, affirmation de soi, et refus aussi… il n’y a ni syntaxe ni logique, mais un frémissement de l’être, un murmure qui va jusqu’au fond des choses ».
Pierre Restany

Une fascination pour la culture méditerranéenne

Autant ses lectures – Goethe, Homère, Horace, Hérodote, Keals, Mallarmé, Ovide, Rilke, Sappho, Virgile – que ses voyages en Europe ou autour de la Méditerranée – l’Italie dont Rome où il s’installe un temps, l’Egypte – sont d’inépuisables sources d’inspiration.

Le cycle Nine Discourses on Commodus , créé en référence à l’empereur romain Commode, est particulièrement frappant d’expressivité. Les empâtements de peinture comme des caillots de sang, les coulures, le geste rageur comme les témoignages de la cruauté du règne de l’empereur marqué par les assassinats. La monumentalité des toiles et le choix du fond gris dans toute la série ne font qu’accentuer l’effet dramatique.

Vue d’ensemble de la série Nine Discourses on Commodus telle qu’elle est présentée au Musée Guggenheim de Bilbao

Une peinture solaire

Habituellement monochrome, la peinture de Twombly sait aussi se faire lumière, couleur. Le soleil s’invite dans le cycle de Coronation of Sesostris ou dans Quattro Stagioni.

Les couleurs sont saturées dans les séries Bacchus et Blooming.

On pense à Monet, Turner, Warhol…

De la trace primitive à la mine de plomb aux pivoines géantes de peinture acrylique, l’art de Cy Twombly est une traversée. Entre l’Amérique et l’Europe où il a vécu, à l’intérieur même de chacun de ses cycles et séries, dans l’histoire de l’art, dans l’Histoire. A nous de nous laisser porter, les yeux et l’esprit, grand ouverts.

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