Ciné-Club Voyage à travers le cinéma français

Merci à Daniel Martel pour le compte-rendu de la soirée cinéma.

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La crêperie CAP OUEST vous proposera un buffet à volonté à 10€ par personne, dès 19h.
Réservations au 06 62 84 93 52


Merci amis cinéphiles d’être venus nombreux découvrir le dernier film de Bertrand Tavernier : «Voyage à travers le cinéma français ». Quel formidable voyage !

Il était 20h45 ce mardi 29 novembre quand la projection a commencé, nous étions 75 spectateurs !

Il était minuit quand le générique de fin défilait sur l’écran de la salle Catherine Deneuve.

A cette heure tardive nous ne pouvions vous proposer une discussion autour du film.

Fabrice Baynaud, notre programmateur, nous avait fait parvenir l‘interview de Bertrand Tavernier par Pierre Murat de Télérama.

En voici quelques extraits :

Dès le départ, vous saviez qu’on vous verrait sur l’écran…

Oui . je voulais ce film le plus personnel possible. Pas de chronologie. Et surtout pas un cours universitaire : je ne souhaitais pas me perdre dans des querelles byzantines, dans des classifications auxquelles je n’ai jamais rien compris.

Gabin, à qui vous consacrez de longues minutes, est, pour vous un modèle …

Jamais vu un type comme lui. Il avait un respect infini pour ses partenaires. Un jour un assistant vient chercher Danièle Darrieux et lui dit pas vous Monsieur Gabin c’est juste pour « donner un regard » (1) . Il s’est fâché tout rouge, pas question qu’un autre que lui « donne le regard » à Danièle Darrieux.

(1) Parfois certains acteurs refusent de se déplacer pour une scène où ils n’apparaissent pas, mais où leur partenaire est censé les regarder. C’est un assistant, ou même un morceau de sparadrap, collé sur la caméra, qui « donne le regard »

Outres ses qualités humaines il avait une connaissance incroyable de la technique cinématographique. On l’appelle sur le plateau, il regarde la caméra le décor, pose la question on tourne avec quel objectif ?- Du 50 ! – Ben, je ne suis pas dans le champ. Pourquoi m’avoir dérangé ?

Vous rappelez combien le cinéma est un art collectif

Dans « Le jour se lève » le décorateur, Alexandre Trauner, a l’idée de situer la chambre de Jean Gabin, non au premier étage comme prévu, mais tout en haut de l’immeuble. Et ça change tout … Trauner devient, soudain en quelque sorte, le co-auteur du film. Marcel Carné le soutient contre le producteur qui, lui, évidemment se dit que construire huit ou neuf étages lui coûtera nettement plus cher que s’il n’en construisait que trois. Il le soutient parce qu’il comprend instantanément le profit qu’il va en tirer.

Je crois qu’il y a deux types de cinéastes : les grands, qui acceptent les idées des autres, et les pas bons, qui les refusent

Comment avez vous financé le film ?

Dans ma candeur naïve j’avais imaginé que Studio Canal qui détenait beaucoup de droits allait être intéressé. Mais non rien pas un rendez vous !

Thierry Frémaux, le délégué général de Cannes et mon complice de Lyon a insisté lourdement. Nous sommes reçus un jour, par un jeune homme qui nous dit : « C’est une bonne idée on va engager Martin Scorsese ! » Et là, je me suis dit : Mal barré, le mec !

Martin que je connais bien serait nul comme producteur. Il voyage toujours en jet, avec cinq ou six personnes, qui logent tous au Crillon … A elle seule, sa venue aurait coûté plus cher que mon film tout entier …

J’étais au plus bas. C’est alors que Gaumont et Pathé se sont associés pour me produire, pour faire court. Canal+ les a suivis, pas Studio Canal. On s’est fait blackbouler deux fois à l’Avance sur recette, sans même avoir le droit, en plénière, de défendre notre projet. Expliquer, par exemple, que le fric qu’ils me refusaient aurait pu servir à restaurer les films méconnus ou rares. Aujourd’hui, les influents du CNC, dont dépend l’Avance sur recette, me téléphonent pour me dire : « Votre film sera l’événement de la rentrée. Une avant-première au CNC est indispensable. Mais il me prennent pour qui ?

Combien avez-vous payé les extraits ?

Mille euros la minute. Ce qui n’est pas mal. Rien qu’avec Jean Renoir, studio canal, va se faire 15 000 euros, sans avoir bougé le petit doigt ! Et Ciné+ s’est engagé à acheter tous les films que j’avais choisis et les diffuser.

Votre générique de fin annonce une suite, avec des noms de cinéastes qui font rêver …

Ce sera, j’espère, une série de neuf heures. Dans laquelle je ne reprendrai rien de ce que les spectateurs ont vu dans le film de trois heures quinze. Ou alors des bribes… L’épisode N° 1 devrait être consacré aux chansons de films, écrites par les cinéastes. Il y en a de sublimes de Julien Duvivier . Il y a Renoir bien sur, avec « La complainte de la butte » . Et Jean Boyer : « C’est un mauvais garçon, il a des façons pas très catholiques », que chantent successivement Albert Préjean et Danielle Darrieux. Ou encore le fameux « Totor, t’as tort. Tu t’uses et tu te tues. Pourquoi t’entêtes tu ? »

Pourquoi avoir tourné ce film, au fond ?

Aujourd’hui, tout se passe comme si on avait peur ou honte de parler de ce qu’on fait de bien. C’est vrai en littérature, et probablement dans tous les arts. Mais c’est encore plus net au cinéma, qui passe pour ringard au yeux des jeunes. Alors qu’il leur suffirait de voir quelques minutes de « Toni », avec tous les étrangers qui arrivent à la frontière, pour les convaincre de son actualité. Seulement, voilà : cela fait longtemps que tout le monde a renoncé à transmettre, à informer. Surtout à la télé : le service public a totalement lâché le cinéma. C’est lamentable.

Je voulais aussi rappeler à mes confrères, et aux spectateurs, que les neuf dixièmes des cinéastes dont je parle se sont battus contre la bêtise de la censure. Si je fais des film, si Olivier Assayas fait des films, si Arnaud Desplechin fait des films, librement, c’est parce qu’avec son foutu caractère et, hélas, plus tard, son penchant pour l’extrême droite, Claude Autant-Lara a menacé de procès le producteur du « Diable au corps » et a gagné le droit au montage final, dont nous profitons tous …

Enfin et surtout, je fais mienne la formule de Victor Hugo : « Il y a, dans l’admiration, quelque chose de réconfortant. « J’adore admirer …

« Voyage à travers le cinéma français » en quelques chiffres 
Durée : 3h15 
6 ans de préparation 
80 semaines de montage 
582 extraits de 94 films choisis 
Plus de 950 films, vus et revus 
Plus de 700 documents d’actualités visionnés 
A venir : une série de 9 heures 

Voilà amis cinéphiles ce que nous pouvions vous apporter à la suite de la projection du dernier film de Bertrand Tavernier, mais une dernière anecdote :

Bertrand Tavernier relate que c’est seulement à la réalisation de « Capitaine Conan » que Claude Sautet lui a dit : maintenant coco tu ne touches à rien, c’est parfait !

Regardez ci jointe la filmographie de Bertrand Tavernier il avait réalisé de superbes films bien avant !

Cela laisse rêveur !

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A bientôt au ciné club des « Amis des 26 Couleurs »

Un merci particulier à Pierre pour la bande annonce  » Ciné Club – Amis des 26 couleurs »

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