Lettre du mois d’avril 2022

Lettre du mois

Le 19 avril 2022

Bonjour les Amis,

Je me décide à vous écrire après 2 mois d’interruption, non pas que je n’avais rien à dire, mais comment exprimer ce qu’on a dans la tête quand tout s’affole autour de nous, comment décrire l’enchainement, la bascule d’un équilibre déjà si malmené ?

Comment poursuivre notre quotidien sans verser une larme à chaque instant devant les ruines, les foules fuyant les bombes et tout ce que nous ne voyons pas ? Des mots dans la tête par milliers mais une porte fermée, barricadée, emmurée, impossible de les exprimer tant ils pleurent.

Prendre la plume quand le monde se divise, sans en être le témoin direct, lire, écouter ceux qui parlent, et puis se taire devant cette douleur, sans pouvoir la poser sur le papier.

Nombreux sont les conflits sur notre planète en miettes, les images nous ramènent en permanence au cœur des conflits. Les films nous ont parachutés au cœur de la guerre, rappelez-vous, lorsque nous étions plongés dans les tranchées de la 1ère guerre mondiale en regardant Joyeux Noël, Cheval de guerre, La grande illusion, le cinéma s’est emparé de toute cette haine, il l’a furieusement embellie, nous donnant des leçons de courage, nous montrant combien la résistance passe aussi par la force des images, celles du film documentaire Pour Sama montrant la résistance du peuple d’Alep, celles du courage de Charlie Chaplin lorsqu’il réalise avec audace et burlesque Le dictateur, celles de la beauté dans Au revoir là-haut ! Le cinéma, s’il nous fait oublier la dureté de ce monde, il nous montre aussi l’horreur et le courage des hommes en lutte, l’absurdité des autres. Le cinéma raconte l’histoire, la folie et l’horreur.

C’est par le cinéma que cette histoire finira, les acteurs incarneront les tyrans et les héros, les images relateront des vérités, les déformeront, forgeront des avis, nous ouvriront les yeux.

Dans cette attente d’un point final à cette guerre, nous vivons entre parenthèses, sans pouvoir agir, impuissants, tristes mais vivants alors que les morts s’additionnent à chaque instant.

C’est peut-être cela qui m’a empêchée d’écrire, car tout ce qui peut s’exprimer n’ouvre sur aucune perspective.

Anne Chollet

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